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Oui à la loi climat — Oui à la justice climatique
15.02.2023, Justice climatique
Le 18 juin, la Suisse votera sur le contre-projet à l'Initiative pour les glaciers. La loi est une étape nécessaire et urgente pour la politique climatique suisse et pour la contribution de la Suisse à la justice climatique mondiale.
Les raisons pour lesquelles la Suisse devrait, dans son propre intérêt, lutter contre la crise climatique sont nombreuses : les glaciers fondent toujours plus vite et amenuisent les réserves d'eau du pays, les périodes de canicule entraînent davantage de décès et les précipitations extrêmes réduisent les récoltes, pour ne citer que quelques conséquences. Mais ce que le réchauffement climatique provoque chez nous est souvent encore plus patent dans les pays du Sud mondial. En particulier lorsque les capacités financières sont nettement moindres en raison de la crise de l’endettement et de l'évasion fiscale, de nombreuses régions ne peuvent pas s'adapter suffisamment au changement climatique et sont donc plus vulnérables à ses répercussions.
La Suisse parmi les pollueurs climatiques majeurs
Un facteur décisif contribue largement à l'injustice : contrairement à la Suisse, les pays les plus pauvres du Sud mondial n’ont pas leur part de responsabilité dans la crise climatique, et pourtant ils en souffrent plus que la moyenne. La responsabilité partagée de la Suisse est particulièrement évidente si l'on compare ses émissions de gaz à effet de serre par habitant avec celles d'autres pays. Il est à cet égard essentiel de comparer les émissions basées sur la consommation, car la Suisse est justement responsable de plus de gaz à effet de serre que ne le suggèrent habituellement les chiffres calculés sur la seule base des émissions nationales, en raison de l'importation (nette) de biens et des voyages en avion plus fréquents que la moyenne de ses citoyennes et citoyens.
Selon le Global Carbon Atlas, chaque personne résidant en Suisse était responsable en moyenne du rejet de 14 tonnes de CO2 en 2019 ; c'est seulement trois tonnes de moins qu'aux États-Unis. La Suisse se situe ainsi à la 13e place mondiale, les États-Unis se trouvant à la 10e place. Nos voisins émettent tous moins de CO2 sur la base de la consommation, l'Allemagne se classant 24e avec 10 tonnes de CO2 par personne et la France 48e avec 6,5 tonnes de CO2. Même la Chine, qui émet désormais le plus de CO2 en valeur absolue, se classe 44e avec 7 tonnes de CO2, soit à peine la moitié de la Suisse. Si on prend l'exemple du Pakistan, qui a souffert d’inondations dévastatrices l'année dernière, on arrive à 1 tonne de CO2 par habitant, et même à 0,1 tonne de CO2 par habitant en 2019 dans des pays encore plus pauvres comme la Tanzanie ou le Malawi.
Intensifier le financement climatique et repenser le comportement de consommation
La Suisse est responsable tant des gaz à effet de serre émis sur son territoire que de ceux qu'elle rejette à l’étranger pour sa consommation. Pour lutter équitablement contre la crise climatique, il n'y a pas d'autre solution que de réduire rapidement les émissions domestiques, car la Suisse dispose à cet égard des moyens juridiques, techniques et financiers nécessaires. Il est de notre responsabilité d'adapter notre propre comportement pour un avenir respectueux du climat et pour éviter de nouveaux dommages climatiques partout sur la planète. La responsabilité pour les émissions à l'étranger doit être assumée indépendamment ou de façon additionnelle. Pour cela, la Suisse doit accroître ses contributions au financement international dans le domaine du climat et repenser son comportement de consommation.
Soumise au vote populaire le 18 juin 2023 prochain, la loi climat trace le cadre juridique pour une réduction des gaz à effet de serre suisses jusqu'à zéro émission nette en 2050 au plus tard. Cette loi est une étape nécessaire et urgente pour la politique climatique suisse et pour la contribution de notre pays à la justice climatique mondiale. Alliance Sud milite donc pour qu’un oui soit jeté dans les urnes le 18 juin prochain.