Communiqué

La Suisse mal notée en comparaison européenne

19.01.2021, Justice climatique

Les pays européens doivent contribuer nettement plus au financement international de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. C’est ce que demande un nouveau rapport de Act Alliance EU. La Suisse est particulièrement concernée : pratiquement aucun autre pays n’interprète avec autant de laxisme l’exigence de l’ONU de fournir un financement climatique à partir de fonds « nouveaux et additionnels ».

La Suisse mal notée en comparaison européenne

von Jürg Staudenmann, ehemaliger Fachverantwortlicher «Klimapolitik» Alliance Sud, und Yvan Maillard Ardenti, Verantwortlicher Klimagerechtigkeit, Brot für alle

Le « Rapport sur l’état du financement international du climat en Europe » publié par Act Alliance EU conclut que si les pays européens ont contribué plus que les autres nations riches à aider les pays en développement à lutter contre la crise climatique, ils n’ont pas fait preuve d’une grande générosité. En effet, les efforts de la plupart des pays européens restent en deçà de « ce qui serait nécessaire pour atteindre les 100 milliards de dollars par an prévus dans l’accord de Paris sur le climat de 2015 ».

Le rapport replace dans un contexte européen des conclusions similaires d’une récente étude d’Alliance Sud. « Le rapport confirme que la Suisse, mesurée à sa puissance économique, contribue bien trop peu au financement international de la lutte contre le changement climatique par rapport à d’autres pays européens comparables », déclare Yvan Maillard Ardenti, responsable du dossier justice climatique chez Pain pour le Prochain, l’un des membres de l’Alliance ACT EU. Malgré ses performances économiques élevées en termes de Revenu National Brut (RNB), la Suisse n’occupe que la neuvième place.

Trop peu d’argent supplémentaire pour l’adaptation

La Suisse se vante souvent de fournir un financement équilibré entre d’un côté les projets de réduction des émissions et de l’autre les projets d’adaptation au réchauffement climatique dans les pays en développement. « Les mesures d’adaptation sont essentielles, car le réchauffement climatique touche les couches les plus pauvres de la population dans le Sud bien plus que nous », explique Judith Macchi, responsable du climat à l’EPER. Le nouveau rapport montre toutefois que la part du financement suisse de l’adaptation au réchauffement climatique, qui s’élève à 46 %, a été dépassée par la moitié des pays européens en 2018. La plupart des pays allouent en effet 50 à 70 % de leur financement climatique à des mesures d’adaptation. La Belgique (84%), la Hongrie (93%) et la Pologne (96%) ont des pourcentages encore plus élevés.

« Il est particulièrement choquant que la Suisse ignore l’appel de l’ONU à fournir des fonds nouveaux et additionnels pour soutenir les plus pauvres du Sud dans la lutte contre la crise climatique qui progresse », critique Jürg Staudenmann, responsable de la politique climatique à Alliance Sud. Selon lui, il est cynique de déclarer des fonds comme « additionnels » alors qu’ils sont puisés dans le budget de la coopération au développement et que ce dernier n’a pas augmenté ; en d’autres termes, ces fonds sont réalloués au détriment des tâches conventionnelles de la coopération au développement. L’argument selon lequel le Parlement approuve chaque année le budget de la coopération au développement ne répond certainement pas à l’appel de l’ONU pour un financement du climat « additionnel ».

 

ACT Alliance EU est un réseau de 13 organisations humanitaires et de développement européennes qui ont été fondées par des églises (dont Pain pour le Prochain et l’EPER). Son objectif est d’influencer la politique et les pratiques de l’UE en matière de développement et d’aide humanitaire afin d’améliorer durablement la vie des personnes touchées par la pauvreté et l’injustice dans le monde. ACT Alliance EU fait partie de ACT Alliance (Action by Churches Together), une coalition mondiale de plus de 130 organisations d’aide et de développement.